When the stars go blue (Nova)

TW : deuil prénatal, trafic d'organes, incarcération, escroquerie, mensonge


L’errance pour seconde maison. Foyer ébranlé dès lors qu’elle a quitté le nid. Absence tacite voulue et repères bafoués. L’idylle en péril, le précipite comme adoubement. L’écrin céleste fragmenté en plein vol, emportant avec lui les restes de son âme.

Flores. Palabre commune au royaume latin. Printemps qui renaît à chaque fois qu’il roule sur les langues. Couleurs multiples pour le carmin singulier d’une Barcelone ensoleillée. Le temps passant sans arracher sa splendeur à la cité immaculée. Les doigts contre sa guitare, l’homme fait se lever les foules devant des salles de concert hétéroclites. Rock d’un autre âge, adage auquel il se tient. Sourire enjôleur lorsque les lippes se posent sur leurs jumelles pulpeuses. Féminine embrigadée jusqu’à ce que la sérénade s’arrête. A jamais sienne. Culture commune à la peau mordorée. La groupie ravie par le rockeur, les concerts enchaînés. La voix bientôt additionnée de la diva à celle du bellâtre. Duo improbable ravissant les oreilles et adoucissant les mœurs. Suivant le changement des saisons à travers toute l’Espagne, accompagnés désormais par leur tribu composée. Enfants d’un amour certain nourris aux classiques voulus et mus par le désir de liberté communiqué par leurs parents. Les chaînes n’entravent leur éducation et, tels des albatros sur le continent, ils se posent où les mènent le vent.

La scolarité vacillante quand c’est à la maison que l’instruction se fait. L’éloge d’un espagnol écrit qu’elle n’apprécie, les grands explorateurs à bannir tant l’ennui s’empare souvent de son être. Seuls les chiffres la passionnent. Ils sont ces constellations intangibles et immuables, qui ne bougent pas peuvent se répéter à l’infini. Douée pour résonner là où la raison vacille.

Les tournées laissées de côté, un appartement en plein Barcelone comme résidence étudiante. Pour payer ses dettes, un travail d’appoint à la réception d’un hôtel. Peu à peu, Nova prend du galon et délaisse le scolaire pour la vie réelle. Consternée par les savoirs à ingurgiter, préférant discourir et manager. Bientôt, on lui propose même un poste en or avec la clef la gestion de la partie financière de l’hôtel. Opportunité sans nom qu’elle accepte rapidement. Elle s’éprend du délaissé, celui qui ravit les yeux mais enferme le cœur pour n’en laisser que des miettes. Cercueil de promesses troué par les mensonges. La sirène se prend à rêver et la chute l’enterre. Le couperet tombe, cet enfant qu’elle n’attendait mais qui pousse désormais, lové dans ses entrailles. La joute pour n’être mère mais le refus de renoncer. Le circulaire s’enfuit, son amour détruit reporté sur celui à venir. Symbiose qu’elle espère. Naissance solitaire et début de vie épaulée par une de ses consoeurs de l’hôtel. Le large point pris, les pieds sur une terre rendue verdoyante par la présence d’Esteban le « couronné ». Mais l’or n’est pas sur sa tête car la maladie s’avance. Rare malformation du myocarde. La course contre la montre débute mais ils ne parviennent à trouver un donneur.

Virtuose des chiffres, elle ne sait vers qui ou quoi se tourner. On lui souffle à l’oreille l’existence d’un réseau peu vertueux mais les sommes dépassent ce qu’elle attendait. Elle prend donc l’existentielle décision de sacrifier son honneur au profit de son enfant pour faire avancer les choses. Les coffre-forts de l’hôtel à portée de main, Nova emprunte sans rendre. Les passeurs se délecte, la greffe a lieu. Sans succès, l’échec est cuisant et la brillante sombre sous les verrous. Quelques années à arpenter les bancs froids de la prison à Girone.

La sortie est austère car si les siens comprennent, ils ne portent sa peine. Un an et demi de vie partie en fumée. Son cœur comme arraché hors de sa poitrine. Alors, Lara s’expatrie. Des notions sommaires en anglais, elle enchaîne les jobs d’appoint dans un Londres grouillant sous la vermine, pervertissant son âme pour un diable qui aurait peut-être pu le sauver, lui. Donzelle de peu de moeurs au mensonge aisé. Joueuse de mots pour mieux faire plonger. Courtisan le laid pour obtenir le beau. Sa roublardise lui permet de se loger et de parader. Talents de comédienne née. Après tout, qui peut aujourd’hui se targuer de mériter le pardon ?